Plus connue sous le pseudonyme Gabrielle Vincent (qu’elle utilise principalement pour signer son travail d’illustration), Monique Martin est avant tout une artiste-peintre de grand talent, reconnue par ses pairs et encensée par la critique.

Les débuts

Enfant, Monique Martin utilise déjà les crayons avec la marque de sa personnalité : l’imagination, la force et le bon choix de couleur. Dans la famille Martin, peindre, dessiner, faire de la musique, vont de soi. En 1940, Monique Martin a 12 ans. Malgré la guerre, elle dessine pour se divertir et illustre ses cahiers de classe. À 15 ans, elle réalise des dessins qui seront, pour la première fois, imprimés en cartes postales. Elle illustre également des  livres pour enfants qu’elle signe tantôt « Dominique , tantôt « Geneviève ».

Les idées ne lui manquent pas et elle continue, année après année ce « travail alimentaire » afin de gagner sa vie et pouvoir être libre de peindre ce qu’elle aime.

La mise au tombeau, Monique Martin

En 1951, Monique Martin a 23 ans et sort de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Pour l’épreuve finale, elle présente des compositions très sobres, aux couleurs douces, avec de la lumière, à l’opposé de la tendance des peintres et étudiants de l’Académie des années ’50 qui utilisent des couleurs vives, violentes, dans des sujets plus ou moins informes.   Elle obtient le premier prix de dessin et la plus grande distinction avec sa peinture « La mise au tombeau ».

Avec cette peinture, Monique Martin  remporte également le premier prix du concours d’encouragement à la jeune peinture organisé par le Métro Goldwyn Mayer en 1952 (sous le patronage de « La Dernière Heure » et de « Het Laatste Nieuws »).

La période noir et blanc

Femme et enfant, Monique Martin

Au début des années ’60, un artiste se doit d’être le réinventeur de l’histoire de l’art. La finalité est de se trouver dans un courant « moderniste ». Pourtant, Monique Martin ne s’inscrit nullement dans cet état d’esprit. Sa seule introspection est celle du monde. Son travail se veut tel un métronome alternant le silence et le son, le dit et le non-dit, l’absence et la présence. Les thèmes qu’elle aborde sont universels : l’Amour, la Rupture, l’Amitié, l’Exclusion, La Vie, La Vieillesse, L’Abandon, la Mort, …

Après ses études et jusqu’en 1960,  Monique Martin se consacre volontairement et exclusivement au noir et blanc. Elle estimait y retrouver toutes les couleurs et voulait en maîtriser parfaitement toutes les techniques (fusain, crayon, encre de chine, …) avant d’utiliser la couleur. Elle expose ses premiers dessins en avril 1960 au « Cheval de Verre », à Bruxelles. Les critiques sont élogieuses, la presse l’encense et la compare aux plus grands, tels Rembrandt, Degas, Toulouse-Lautrec et Matisse.

En octobre 1961, Monique Martin crée les planches originales « Le petit ange à Bruxelles » qui sera édité en 1970 aux éditions Blanchart. L’illustratrice commence à pointer le bout de son nez…

Monique Martin, La RetiranceLa couleur et le désert

 

Quelques années plus tard, elle aborde la couleur et utilise des techniques très variées : l’aquarelle, le pastel et la couleur à l’huile. Elle décide, d’ailleurs, d’exposer ses premières peintures à la galerie « L’Ecuyer » en 1972 à Bruxelles.

En 1975, Monique Martin remporte le troisième prix du concours international d’affiches organisé par la Conférence européenne des ministres des Transports et la Prévention routière.

C’est aussi dans les années ’70 qu’elle commence à sillonner l’Afrique blanche: elle voit et revoit l’Egypte, la Tunisie, le Maroc et surtout l’Algérie. Ce qui l’attire avant tout, c’est la verticale Alger-Tamanrasset: le Hoggar ou la terre des Touaregs.

Homme et chameau, Monique MartinPendant des jours, elle observe en silence ces «hommes bleus», les troupeaux de moutons, de chèvres et leurs bergers. De mémoire ou sur le vif, elle crayonne dans ces carnets de voyage. Elle annote ses ébauches qu’elle retravaillera à ses retours de voyage pour en faire des encres et des aquarelles. Elle consigne également ses impressions par écrit. Des années plus tard, elle en tirera « Au désert », un ouvrage compilant aquarelles et impressions qu’elle a consignées par écrit (Duculot, 1991).

Trois ans plus tard, l’artiste expose à la galerie « Racines » et « Pierre Vanderborght » ses premiers petits formats à l’huile : des paysages d’Italie, d’Espagne, de Grèce et des intérieurs.

Tout l’intéresse, tout l’enthousiasme, tout l’émeut. L’artiste raconte ses amitiés, ses gourmandises et ses évasions.

 

Brel et le Palais de Justice

En 1979, Monique Martin s’associe à la Maison d’éditions Blondiau pour leur trentième anniversaire et publie un livre de dessins en noir et blanc.

En 1989, elle se consacre à un personnage emblématique « Jacques Brel ». Elle dessine 24 portraits de l’artiste à la sanguine et illustre certaines de ses chansons : « Les vieux », « Ne me quitte pas », « Jef » et « Orly ». Des dessins très émouvants. Les portraits seront d’ailleurs exposés au « Passage 44 » en hommage à l’artiste (une collaboration de la fondation Jacques Brel et des éditions Duculot).

 

Au Palais, Monique MartinA côté de tout cela et pendant plus de vingt ans, Monique prend place sur les bancs du Palais de Justice de Bruxelles.

Elle va dans toutes les salles où elle peut entrer. Elle dessine les mains de ceux qui doivent « défendre », les mains qui « parlent », écrivent et cherchent dans un dossier, le document qui va « prouver ». Des mains qui se « fâchent », qui expriment avec autorité ce que la bouche ne peut exprimer. Elle a besoin de tout dessiner dans les moindres détails.

Par la suite, Monique Martin exposera peu, car l’idée de se séparer de ses oeuvres et de leur accorder une valeur marchande la repousse. Elle este un peu dans l’ombre en tant qu’artiste-peintre mais connaît la notoriété en tant qu’illustratrice, sous le pseudonyme Gabrielle Vincent…

Biographie de Monique Martin: l’illustratrice