De quelle étoile est-elle tombée? Pourquoi cette exposition nous lave-t-elle soudainement le cerveau? Comment souligner la portée à la fois si simple et si merveilleusement vivante de cet art qui est comme le don de poésie?

C’est en ces mots que le journaliste Paul Caso parlait de Monique Martin dans une page du journal Le Soir en avril 1960. 40 ans plus tard, Monique rejoignait cette étoile dont elle était tombée, à l’âge de 72 ans.

Monique Martin

Depuis plus de trois ans, Monique Martin se sait atteinte par la maladie. Elle en fait mention dans ses carnets, presque de manière anodine. Plus que la peur de la mort, c’est la souffrance physique et l’impact négatif que celle-ci exerce sur son travail qui la préoccupent.

Marie-Paule Lambrecht, sa biographe, raconte : Cela peut paraître étonnant, mais on sent qu’elle considère avant tout la mort comme un frein à sa créativité. Monique souffre le martyre, mais ce qui l’ennuie le plus, c’est qu’elle ne peut plus travailler. Depuis toujours, elle affirme que ce qui compte dans sa vie, ce n’est pas elle, mais son art. Cela se confirme à la fin de sa vie. (1)

Boucler la boucle. Ces mots résonnent dans sa tête à mesure qu’elle comprend que ses jours sont comptés. Monique Martin, l’artiste-peintre, se lance alors dans la réalisation d’une série de portraits à l’huile, technique qu’elle admire mais qu’elle a longtemps mise de côté, car elle la redoute. Et boucle la boucle de son œuvre picturale. Gabrielle Vincent, l’illustratrice, l’alter ego, termine avec peine Les questions de Célestine, ultime album de sa série phare Ernest et Célestine. Et boucle la boucle de son œuvre illustrée.

Une semaine avant sa mort, elle remet ces dernières planches à son éditeur. La boucle est bouclée, lui dit-elle. Sur place, Monique fait un malaise, réclame un taxi et se rend à l’hôpital Saint-Jean. Elle y décèdera le 24 septembre 2000.

(1) Monique Martin – Gabrielle Vincent, L’artiste aux deux visages, Francis Groff, avec la collaboration de Marie-Paule Lambrecht-Vanobbergen, Fondation Monique Martin 2015.

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