Monique Martin : un regard qui est signature de l’âme, l’abondance des lignes pour le geste en suspens, la vie tremblant derrière la couleur, tout entière tenu dans un seul trait.

Hommes du désert, aquarelle de Monique Martin

Ces quelques mots couchés dans La libre Belgique par le journaliste Luc Norin en juin 1992, résument parfaitement l’ouvrage qu’il évoque : Au désert, une série de dessins et aquarelles compilés dans un recueil de 96 pages, fruit des innombrables voyages de Monique Martin à travers les régions désertiques du Sahara. Maroc, Egypte, Algérie, Tunisie, Monique est subjuguée par ces vastes paysages et par la vie des nomades : leur simplicité, leur authenticité, leur rapport si pur à la nature.

Elle multiplie les séjours au contact des hommes bleus, les Touaregs, qu’elle suit notamment dans le Hoggar. Elle consigne dans de petits carnets ses impressions et croque la vie qu’elle perçoit dans chacun des gestes, chacun des mouvements, chacun des visages.

Dans le recueil Au désert, paru en 1991, l’artiste écrit un texte bouleversant en prélude au voyage auquel elle convie le lecteur. Elle évoque la parure des hommes du désert, la majesté de leurs gestes, la splendeur des petits matins et la magie des couchers de soleil.

A part les petits verres, sur lesquels ils veillent particulièrement, tout est un peu cabossé, éculé, plein de coup à force de servir. Mais dans le sable et dans cette lumière, tout est transfiguré…
Ces petites choses utiles, on les trouverait laides si on les regardait avec nos yeux d’ici, sans la tendresse du regard…
Cette tendresse pour tout ce qui est d’eux n’a rien de raisonnable. On ne sait plus ce que « beau » veut dire quand on est au désert.
Oui, là-bas tout nous charme, parce que la vie de ces nomades ne ressemble à aucune autre. Elle paraît sans servitudes.
Alors, en les voyant, nous rêvons parfois d’être libérés pour un temps du carcan des mille obligations, du poids des choses accumulées.

En 1998, Monique Martin se rend au Maroc pour la dernière fois. Elle écrit avant son retour pour Bruxelles :

Ce matin, paysages merveilleux. J’ai le soleil en plein dans les yeux. C’est si beau que j’en ai la main qui se relâche parce que c’était insoutenablement beau.
Un ensemble de choses : la couleur, les maisons, les lointains bleus dans la brume bleue.
Les gens, les bergers, les moutons dans ce soleil du matin et cette nature sèche et verte en même temps à cette saison (…).
J’ai tout revu – Revu ce que mes autres voyages m’avaient révélé – et beaucoup plus encore en ces 15 jours. Revu et découvert. Chaque soir, c’est l’épuisement. Je sais que c’est la dernière vraie journée de cet enchantement. (…)
Ce voyage me faisait très peur mais j’ai réalisé un rêve – Re-voir – mais j’ai aussi découvert.

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