Monique Martin, alias Gabrielle Vincent, compte sans doute parmi les plus grands créateurs d’albums pour enfants de la seconde moitié du vingtième siècle. Depuis son décès en septembre 2000, son succès international ne se dément pas.

Le Petit Ange à Bruxelles, Monique MartinUn premier album illustré

Dans les années ’70, le destin de Monique Martin en tant qu’illustratrice se profile déjà à l’horizon. En 1970, elle publie, aux éditions Blanchart, Le petit Ange à Bruxelles, album quadrilingue, sorte d’ « éloge de l’insoumission en même temps qu’un regard désabusé sur le paradis où l’on enferme derrière les barreaux les petits anges désobéissants » (Michel Defourny, Le dynamisme de l’album en Belgique francophone).

Dans les années ’80, Monique Martin gagne sa vie grâce à son travail d’illustration. A l’époque, elle a déjà une excellente réputation de peintre, et lorsqu’elle publie ses premiers albums, ses collègues en sont toujours aux préjugés en vigueur depuis la séparation arbitraire de la peinture et de l’illustration. Elle prend alors le pseudonyme de Gabrielle Vincent (d’après le nom d’une de ses grandes tantes) car elle a honte de produire des ouvrages que ses collègues jugent indignes d’une « véritable » artiste.

Ernest et Celestine ont perdu SimeonErnest et Célestine

En 1981, elle crée Ernest et Célestine et est découverte par Christiane Germain, alors Directrice du département jeunesse chez Duculot.

La même année, elle rencontre un vif succès à la Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne avec son premier album Ernest et Célestine ont perdu Siméon. Elle travaille à conserver la spontanéité du brouillon jusqu’au dessin final qui est choisi. Sa méthode de travail: 20 brouillons pour chaque image et finalement, un seul choisi parce qu’il est le plus juste.

Elle publiera 26 albums de Ernest et Célestine, qui lui apporteront une renommée mondiale et inspireront toute une nouvelle génération de jeunes illustrateurs qui l’admirent.

 

Un jour, un chien - Gabrielle VincentLe chef d’oeuvre « Un jour, un chien »

En 1982, elle publie (sous son vrai nom, d’abord, sous son pseudonyme ensuite) le très célèbre Un jour, un chien, l’histoire (sans texte et en noir et blanc) de l’errance et la souffrance d’un chien abandonné au bord d’une route. Celui-ci, très prisé au Japon, y remporte le Sankei Children’s Books Publications Prize en 1988. Le New York Times lui consacrera également un article dithyrambique.

En 1983, elle publie L’oeuf, critique de la société capitaliste, que Monique Martin repousse tant.

En 1989, une autre histoire de petit Ange rebelle naît de ses crayons. Désordre au Paradis est publié, tout en croquis, aux éditions Casterman. Il reçoit, en 1990, la médaille de Bronze du Prix Plantin Moretus.

La petite marionnette, Gabrielle Vincent En 1992, elle publie La Petite Marionnette, album magnifique en noir et blanc. Gabrielle Vincent avait d’abord imaginé cette histoire muette, uniquement portée par les images, avant de se raviser et d’y ajouter du texte après coup, par crainte de n’être pas comprise de ses lecteurs. La nouvelle édition de 2009 restitue l’intention originelle de l’auteur et prouve à quel point la créatrice d’Ernest et Célestine possédait, au plus haut point, le sens inné de l’image.

En 1993, Monique Martin remporte le Totem album du livre jeunesse avec Au bonheur des ours lors du Salon du livre de jeunesse de Montreuil. Ce salon qui rassemble des éditeurs de livres, presse et BD est la référence parisienne en matière de littérature jeunesse.

En 1994, elle publie une série de trois albums illustrés, intitulée Papouli et Frédérico. L’histoire tendre et émouvante d’un  vieil homme, qui « voulait être libre » mais à qui on « a demandé de s’occuper du gamin ».

Le Violoniste, Gabrielle VincentAlbums « japonais »

Fidèle aux éditions Duculot (devenues plus tard Casterman), elle publie néanmoins deux ouvrages au Japon (BL Publishing): Nabil (2004) et Le Violoniste (2001). Édités d’abord au pays du soleil levant, ils seront publiés chez nous aux éditions Rues du Monde (respectivement en 2004 et 2006).

D’autres albums sont nés de cette grande illustratrice: Pic-Nic (1982), Lettre à une amie (1993), Je voudrais qu’on m’écoute (1995), Au Bonheur des Chats (1995), J’ai une lettre pour vous (1995), La Montgolfière (1996),…

 

Voir la bibliographie complète     Ernest et Célestine: les albums     Ernest et Célestine: le film