Le dessinateur de Winnie l’Ourson a inspiré Gabrielle Vincent
Le 24 mars 1976 s’éteignait Ernest Howard Shepard, illustrateur du célébrissime « Winnie l’Ourson », né de l’imagination d’Alan Alexander Milne.
Monique Martin était une grande admiratrice de ce dessinateur de talent qui aimait à croquer ces instants magiques que seul l’enfant (ou celui qui a gardé une âme d’enfant) peut vivre. Ces quelques minutes d’insouciance qui font qu’une petite fille se penche du haut d’un pont sans penser à la chute qui pourrait suivre. Celle qui fait qu’un petit garçon parle à son ours en peluche sans se soucier qu’il puisse passer pour fou aux yeux d’un adulte.
Beauté, émotion, mouvement
En 1994, Monique Martin écrivait: « Un album très réussi devrait réunir plusieurs qualités; 1. la beauté des images; 2. en plus de la beauté, il FAUT ajouter l’ÉMOTION ressentie par ce qui est exprimé – donc: le sujet (…); 3. le MOUVEMENT (…). » Ce mouvement intérieur et extérieur (« courir, marcher, tomber, se fâcher ») qui se dégage des albums de Gabrielle Vincent (Monique Martin) , on le retrouve aussi chez Shepard. Ici, un ours et un cochon se promènent face au vent; là, une enfant, pensive, traîne sa peluche dans un escalier. Un univers peuplé d’animaux aux émotions humaines. En quelques coups de crayons, E. H. Shepard a illustré un petit monde de tendresse où toutes les amitiés sont possibles: entre une fillette et sa peluche, entre un ourson et un cochon… comme entre un ours et une souris.
Un coup de crayon noir qui va à l’essentiel et qui le rattache à nouveau à Monique Martin, elle qui se consacra exclusivement au noir et blanc pendant plus de 10 ans et qui continua de l’utiliser durant toute sa carrière d’artiste-peintre et d’illustratrice (« La Petite Marionnette », « Le Violoniste », « Un jour, Un chien », …).
Peut-on alors penser que le prénom de l’illustre Ernest Howard Shepard ne soit pas étranger au choix qu’elle fit pour celui de son gros ours fétiche?
Julie Bardiau