Le 30 avril 1883, Edouard Manet décède à Paris. Profitons de l’occasion pour rendre hommage à ce grand artiste que Monique Martin admirait.
Pour preuve, zoomons sur « Le déjeuner sur l’herbe » que cette dernière a représenté.
Le peintre français est l’un des premiers artistes du 19ème siècle à peindre la vie moderne. Figure centrale dans la transition du réalisme à l’impressionnisme, il fait scandale au Salon de 1863 avec son tableau devenu si célèbre.
Le déjeuner sur l’herbe, un hommage au patrimoine artistique européen
Rejeté par le jury du Salon de Paris, Manet expose « Le déjeuner sur l’herbe » sous le titre « Le Bain » puis « La partie carrée » au Salon des Refusés (lancé la même année par Napoléon III) où il devient l’attraction principale, générant à la fois rire et scandale.
Pourtant, dans « Le déjeuner sur l’herbe« , Manet rend hommage au patrimoine artistique de l’Europe. Il emprunte son sujet au « Concert champêtre » (1508-1509) du peintre de la Renaissance Titien (œuvre précédemment attribuée à son maître Giorgione). La composition est inspirée d’une gravure de Marcantonio Raimondi « Le jugement de Paris » (1514-1518), elle-même dérivée d’un dessin de Raphaël. Le sujet est également un classique dans la peinture galante tel qu’illustré dans « La Partie carrée » (1713) d’Antoine Watteau.
Le déjeuner sur l’herbe, une rupture avec le clacissisme et l’académisme
Le tableau manifeste une nouvelle façon de peindre et une nouvelle conception de l’art, il impose une liberté nouvelle par rapport au sujet et aux modes traditionnels de représentation :
• Les contrastes brutaux entre ombres et lumière
• l’absence de perspective et de profondeur
• le décor plus esquissé que peint
• les personnages non parfaitement intégrés dans le décor
• la présence d’une femme nue au milieu d’hommes habillés n’est justifiée par aucun prétexte mythologique ou allégorique
Le déjeuner sur l’herbe, influence marquée des impressionnistes et de l’histoire de la peinture
• 1870, James Tissot, contemporain et ami de Manet, peint sa propre version du thème
• 1865, Claude Monet peint son propre Déjeuner sur l’herbe en réponse à celui de Manet
• 1961, Pablo Picasso, en moins de deux ans, réalise 26 toiles (le Musée d’Orsay en présente 14 versions), six gravures sur linoléum et 140 dessins d’après le tableau de Manet
• 1964, Alain Jacquet, artiste de pop art français, fait une interprétation du Déjeuner sur l’herbe par une approche photographique et sérigraphique
• 1975, le groupe UNTEL (Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal et Alain Snyers) propose une réactualisation performée du Déjeuner sur l’herbe
• 1994, John Seward Johnson, sculpteur américain, recrée la peinture en trois dimensions, « Déjeuner déjà vu »
• 2002, Vladimir Dubossarsky et Alexandre Vinogradov, peintres russes, peignent un « Déjeuner sur l’herbe » en hommage aux peintres impressionnistes
• 2008, Rip Hopkins, photographe anglais, réactive le scandale initial lié au tableau en créant « Cyrille et le déjeuner sur l’herbe». Il utilise le tableau original et place, en premier plan, un homme nu dont la pose répond à celle de la jeune femme du tableau. La photographie est refusée par le musée lors de sa première sortie.
• 2010, le Museum of Modern Art de New York présente à l’entrée du musée sur la 53e rue, une version du Déjeuner sur l’herbe de l’artiste Mickalene Thomas
Monique Martin, elle, aimait à croquer les tableaux des Grands Maîtres au gré de ses visites dans les musées: autant de clichés photographiques qu’elle pouvait conserver comme un album. Et vous, quelle serait votre version du tableau ? Quelle histoire raconteriez-vous ?