Focus sur Rembrandt en l’honneur de la passion que Monique Martin vouait au maître et à sa célèbre technique du clair-obscur.
Rembrandt, une personnalité peu connue
A l’instar de Michel-Ange, Léonard de Vinci, Van Gogh, Toulouse-Lautrec et d’autres, la plupart des choses que nous connaissons de la vie de Rembrandt sont mystifiées.
Aux États-Unis, le mythe est particulièrement répandu, en partie à cause d’un film de 1936 avec l’acteur Charles Laughton (réalisé par le Britannique Alexander Korda).
L’artiste est souvent dépeint comme l’enfant de paysans pauvres et ignorants, né avec une habileté quasi miraculeuse dans l’art. Il s’établit à Amsterdam et épouse une belle et riche jeune fille nommée Saskia. Il connaît alors une brève période de prospérité et de gloire. Mais cela ne va pas durer…
Et pourtant, aucun journal et seulement sept de ses lettres ont été retrouvées ne révélant que peu de sa pensée ou de sa personnalité. [A noter que pour d’autres grands artistes de l’époque de Rembrandt – Frans Hals, Jan Steen et Jacob van Ruisdael – pas une seule note n’a été trouvée. La meilleure source sur les artistes hollandais de l’époque reste « Groote Schouburgh der Nederlantsche Kunstschilders (Grand Théâtre des artistes flamands) écrit par AMOLD Houbraken. Il contient de précieux commentaires sur le travail de Rembrandt tel qu’il était considéré alors.]
Les biographes contemporains sont rares. Seuls quelques courts documents écrits par des hommes qui l’ont connu nous permettent d’imaginer quel homme il était.
Mais la mesure réelle de Rembrandt se trouve dans ses œuvres.
Rembrandt, le graveur de lumière
Rembrandt est, en fait, l’un des artistes les plus productifs que le monde ait connu. A ce jour, 2300 œuvres ont été identifiées dont 600 peintures, dessins et 300 gravures.
Inutile de le rappeler, l’artiste est connu et reconnu pour sa technique du clair-obscur dans laquelle ombres et lumières révèlent toute l’intensité de ses sujets. Compassion et humanité ressortent dans l’expression de ses nombreux portraits. Il peint le quotidien et la vie populaire d’un trait nerveux ou velouté. Cette recherche permanente d’expressivité n’a évidemment pas laissé Monique Martin indifférente. Passionnée par le maître et sa technique, elle connaissait tout de son oeuvre à tel point qu’elle pouvait distinguer une copie d’un original « les yeux fermés » (si l’on peut dire).
Considéré comme l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art baroque européen, et l’un des plus importants peintres de l’École hollandaise du 17e siècle, Rembrandt a également brillé par ses gravures et notamment ses « eaux-fortes« .
Au sujet de l’eau-forte, le Florentin Filippo Baldinucci (1625-1697) citait:
« la manière très singulière que Rembrandt a élaborée dans le domaine de l’eau-forte; il fut le seul à l’utiliser; on ne la rencontre chez personne d’autre et nulle part ailleurs. Elle consiste à créer, à l’aide de traits, de petites incisions et de lignes irrégulières, sans tracer les contours, un clair-obscur profond et puissant ».
L’eau-forte en quelques mots
L’eau-forte est un procédé de gravure par taille indirecte (morsure du métal par un acide), en opposition à la taille directe (à l’aide d’outils tels burin ou pointe sèche). L’artiste utilisant l’eau-forte est appelé aquafortiste.
A l’origine le mot eau-forte était le nom donné à l’acide nitrique allongé d’eau (aqua-fortis). Aujourd’hui, le terme d’eau-forte ne désigne plus que la technique de gravure et les œuvres produites (les estampes).
L’aquatinte, la gravure au lavis et la manière de crayon sont les différents procédés de l’eau-forte.
Rembrandt reste l’un des grands aquafortiste du 17e siècle. L’eau-forte lui permettait l’utilisation de plusieurs techniques complémentaires: pointe, grattage, burin très fin, accidents de vernis et de morsures, double morsure… Il maîtrisait ainsi la variété des nuances passant du trait intense et précis aux effets de voiles plus ou moins opaques.
Nous vous invitons à visiter le site de l’exposition « Rembrandt, la lumière de l’ombre », un arrêt éclairé sur Rembrandt le graveur.
Delphine Demoisy