On parle souvent de l’artiste aux deux visages qu’était Monique Martin. De son côté pile, son travail de peintre, qu’elle signe de son vrai nom. Puis de son côté face, le personnage public, Gabrielle, la maman d’Ernest et Célestine, la talentueuse illustratrice. Deux visages. Pile et face. Peintre et illustratrice.

Pour ceux qui la connaissent réellement, soit parce qu’ils ont eu la chance de faire  partie de sa vie, soit parce qu’ils arrivent à cerner son âme à travers son oeuvre, cette représentation binaire de l’artiste masque en réalité une personnalité bien plus complexe. On ne parle plus de pile et face, on parle d’une multitude de facettes. 

Si ce sont les albums d’Ernest et Célestine qui ont fait sa renommée, c’est le livre Un jour, un chien, que d’aucuns considèrent comme son plus grand chef d’oeuvre. La détresse d’un animal abandonné, tout en fusain. Le fusain, on le retrouve également dans l’album La petite marionnette, ou dans son tout premier livre édité: Le petit ange à Bruxelles. L’aquarelle d’Ernest et Célestine, elle l’exploitera également pour les albums Au bonheur des chats et Au bonheur des ours. Ou encore pour créer la trilogie Papouli et Federico. Pour le magnifique Désordre au paradis, c’est le crayon qu’elle choisira, donnant à ses dessins des airs de brouillon. Certains critiques ne comprendront pas et s’en offusqueront. Sans savoir que cette série de croquis reflète en réalité ce que Monique Martin a de plus cher: sa spontanéité. Elle prendra le crayon également pour les albums Nabil et Le violoniste, qui seront d’abord publiés au Japon (fervent admirateur de son travail), avant de paraître chez nous aux éditions Rue du monde. 

Cette variété de techniques et de thèmes, on la retrouve aussi dans son travail pictural. Même si c’est l’humain que Monique privilégie pour ses sujets, son oeuvre inclut de nombreux paysages (qu’elle rapporte de ses voyages), des intérieurs, et même des natures mortes. Pour explorer l’humain, elle peint des portraits, des regards, des mains, et une multitude de scènes de la vie courante: mères et enfants, numéros de cirque, scènes de rue, hommes de loi, nomades dans le désert, danseuses… Là encore, elle multiplie les techniques: crayon, encre, fusain, pastel, aquarelle, gouache et enfin, l’huile, technique qui la fascine mais qu’elle redoute, elle qui doute en permanence de son talent. 

C’est sans doute là, le paradoxe de cette grande artiste: à la fois chercher la spontanéité et, sans cesse, expérimenter de nouvelles techniques. Les annoter dans des carnets, les refaire, autrement, tout le temps, recommencer, pour parvenir à la perfection. Cette perfection, qu’elle est en fait capable d’atteindre, dans un simple croquis…

4 réponses à Monique Martin: l’artiste aux mille visages
  1. DUSTIN

    Merci pour cet article intéressant . Y a t il
    Moyen d’acheter par votre intermédiaire le livre « un jour, un chien » et « au bonheur des chats » ?
    Déjà merci pour vos informations

    Dustinjacqueline@gmail.com
    77/35 rue victor Allard
    1180 Bruxelles

  2. Baetens Simone

    Fascinant, son travail était plein de nuances et finesse…pour tous les âges!

  3. Sylvie Leblanc

    Bonjour,

    J’aimerais savoir si ce volume sera disponible au Quebec? Merci

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