Dans les années 1970, Monique Martin est pleinement ancrée dans une période « paysages ». Elle prend alors conscience du sujet qui l’anime réellement et qu’elle a laissé de côté depuis trop longtemps : l’humain.

(…) j’ai compris que je me suis écartée depuis longtemps de ce qui me passionnait exclusivement avant – les gens. Les visages – les regards – les mains – les visages – les yeux. (…). Présence saisissante. Intensité des regards (…) je dessinais la vie. (…)

Monique Martin, carnet personnel no 1, 5 juillet 1975Brel chante, Monique Martin

Le portrait traverse, en filigrane, le travail pictural de Monique Martin, de ses débuts dans les années 1950 aux dernières semaines de son existence. Toujours stimulée par ce qui l’entoure, elle puise ses modèles parmi ses proches : ses sœurs, ses neveux et nièces, ses amis, dont certains illustres issus du monde artistique et culturel bruxellois. Elle croque notamment le peintre Albert Dasnoy, le couple d’artistes Pili et Arié Mandelbaum, le poète Serge Meurant, et son mentor, Joseph de Smedt.

Monique Martin travaille beaucoup d’après des photographies. Ceci lui permet de répéter ses tentatives de portraits et de multiplier les variations chromatiques et les formats, tout en gardant la même composition d’ensemble.

C’est aussi d’après photos qu’elle réalise, à la fin des années 1980, des portraits de Jacques Brel, au pastel sec et à la sanguine.  En 1989, elle en publie 24 dans un recueil préfacé par France, la fille de Brel.

Monique Martin, être d’émotion et de sensibilité, (…) nous livre ses images, comme Jacques Brel nous livre sa poésie. France Brel, préface de Brel, Duculot/Casterman 1989.

Ce recueil de portraits, elle décide de le signer Gabrielle Vincent, après une période d’hésitation et de doutes sur son identité, qui l’accompagnèrent toute sa vie.

« (…) elle se prenait parfois à hésiter. Pour les ouvrages sur Brel, elle changea plusieurs fois d’avis à ce sujet et, au dernier instant, juste avant l’impression, elle vint chez moi, à dix heures du soir, me dire qu’elle avait finalement décidé de le signer Gabrielle Vincent. A la toute fin de sa vie, lors de la sixième édition de « Un jour, un chien », jusque-là imprimé sous le nom de Monique Martin, elle voulut le signer Gabrielle Vincent. Les deux parts d’elle-même ne se réconciliaient pas, non, mais chez elle une communication s’était établie entre la peinture et l’illustration ». Arnaud de la Croix, Conversation avec Gabrielle Vincent, Tandem 2001.

De ses premiers fusains dans les années 1950 à ses dernières huiles vers la fin de sa vie, Monique Martin n’abandonnera jamais le portrait. Elle le déclinera selon des techniques très variées (lavis d’encre, pastels, gouache, acrylique…) qu’elle superposaient, bien souvent, dans une même composition.

 

2 réponses à Brel: Monique Martin et le portrait
  1. Baetens Simone

    Quelle artiste, tout en vérité et finesse, superbe observatrice.

  2. Aline Gason

    J’adore tous les portraits de Monique Martin ils sont vivants ! C’est du pur bonheur de les regarder !
    Aline

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