En cette période d’épiphanie qui nous évoque magie d’Orient et rêves d’Afrique, comment ne pas en profiter pour plonger dans le « désert saisissant» de Monique Martin?

« Au désert », un album admirablement dessiné

Hommes du désert, aquarelle de Monique Martin

L’artiste a voyagé, carnets en poche, dans l’Orient qui la fascine, de la Turquie à Jérusalem, en passant et repassant par le désert, elle y rencontre partout l’insaisissable qu’elle transfigure dans ses lignes et ses couleurs.

A partir des années 1970, avec assiduité et bonheur, Monique sillonne l’Afrique blanche: elle voit et revoit l’Egypte, la Tunisie, le Maroc et surtout l’Algérie parce que ce qui l’attire avant tout, c’est la verticale Alger-Tamanrasset, en d’autres mots, le Hoggar ou la terre des Touaregs.

Pendant des jours, elle observe en silence ces «hommes bleus», les troupeaux de moutons, de chèvres et leurs bergers. De mémoire ou sur le vif, elle crayonne dans ces carnets de voyage. Elle annote ses ébauches qu’elle retravaillera à ses retours de voyage pour en faire des encres et des aquarelles.

« Au désert », un album écrit avec talent

Homme sur un chameau, aquarelle de Monique Martin

Monique consigne également ses impressions par écrit.

« A part les petits verres, sur lesquels ils veillent particulièrement, tout est un peu cabossé, éculé, plein de coup à force de servir. Mais dans le sable et dans cette lumière, tout est transfiguré…

Ces petites choses utiles, on les trouverait laides si on les regardait avec nos yeux d’ici, sans la tendresse du regard…
Cette tendresse pour tout ce qui est d’eux n’a rien de raisonnable. On ne sait plus ce que « beau » veut dire quand on est au désert.
Oui, là-bas tout nous charme, parce que la vie de ces nomades ne ressemble à aucune autre.
Elle paraît sans servitudes.
Alors, en les voyant, nous rêvons parfois d’être libérés pour un temps du carcan des mille obligations, du poids des choses accumulées. »
Préface de l’ouvrage « Au désert »/Monique Martin. Paris ; Louvain-La-Neuve : éd.Duculot, 1991

Monique Martin, philosophe

Homme marchant dans le désert, Monique Martin

Dans le dessin rapide dont les lignes multiplient le mouvement, Il y a toute une philosophie. Comme dans les albums d’ « Ernest et Célestine », « Un jour, un chien », « L’œuf » pour ne citer qu’eux, chaque image nous renvoie à l’énigme de la vie et à celles des êtres humains.

Cet article est inspiré de ceux de Luc Norin (La Libre Belgique, 17 juin 1992) et de Marie-Paule Lambrecht
Delphine Demoisy (graphiste plasticienne, communicante web)

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