L'artiste aux deux visagesDécouvrez, en avant-première, un extrait de la mini-biographie de Monique Martin, par Francis Groff, journaliste, avec la collaboration de Marie-Paule Lambrecht, notre documentaliste…

« Où Gabrielle va-t-elle chercher son inspiration ? Dans la vie de tous les jours, au hasard des petits événements qui la jalonnent et, bien sûr, auprès d’enfants dont  elle partage volontiers les jeux.

Son neveu Benoît Attout a fait la connaissance de Tante Monique (également appelée Tante Nini) en 1956, trois ans après sa naissance à Kindu Port-Empain, à l’est de ce qui s’appelait encore le Congo belge. C’est là que ses parents – Philippe Attout et Thérèse Martin, la sœur de Monique – se sont installés après s’être connus dans une école d’Ottignies où Thérèse était infirmière et Philippe moniteur.

En 1956, donc, Benoît découvre ses trois tantes et, parmi elles, Monique qui vit à la place du Châtelain à Ixelles (Bruxelles).

Les premiers souvenirs de Benoît sont évidemment diffus car il n’a pas encore 4 ans. Et pourtant, une image se fixe déjà dans sa mémoire : celle d’une vaste habitation dont les pièces sont encombrées de papiers, de crayons, de cartons, de pots de couleur, toutes choses qu’il n’a pas l’habitude de voir…

Après les événements de 1960 qui marquent de façon brutale l’indépendance du Congo, Benoît, sa mère, ses sœurs et son tout jeune frère rentrent en Belgique en laissant leur père et mari sur place. Durant quatre ans, ils vont vivre à Watermael-Boisfort, dans la périphérie bruxelloise, d’où ils prennent souvent le tram pour aller saluer Tante Monique qui a entre-temps déménagé… deux maisons plus loin, toujours à la place du Châtelain qu’elle affectionne particulièrement. Cette fois, c’est pour Benoît la découverte d’un univers magique.

« C’était une maison bourgeoise avec une succession de paliers, un à l’avant, un à l’arrière, et autant de niveaux. Le premier était réservé à son stock de papiers et de toiles ; elle avait aménagé son atelier au deuxième et elle vivait aux troisième et quatrième niveaux. »

L’endroit est agréable et les enfants aiment s’y rendre, mais il y a un gros bémol à leur enthousiasme : souvent, leur tante leur demande de poser pour elle. Il faut dire que ce sont là ses seuls neveux et nièces car aucune autre sœur de Monique n’a eu de descendance.

Pour les enfants, poser est pénible et ils ont l’impression que cela dure des heures ! Mais chaque épreuve a sa récompense et, pour faire oublier l’ennui suscité par les séances de pose, la tante invente des jeux.

« Le plus génial était celui de l’escalier. Elle descendait les marches avec nous puis, à partir du premier palier, le jeu consistait à remonter les marches en marche arrière et sauter ensuite du plus haut possible. Première marche, pas de problème ; deuxième et troisième non plus ; puis venaient des distances de plus en plus longues pour nos courtes jambes. Alors, Tante Monique disposait des taies d’oreiller, un matelas, des couvertures et, ainsi, nous pouvions nous élancer de plus en plus haut. Evidemment, cela faisait un boucan d’enfer que la locataire du bas n’appréciait pas toujours. Elle sortait alors en lançant « Mam’zelle Monique, ce n’est plus possible. Allez faire tout ce bruit dehors ! ». Mais cela ne nous empêchait pas de recommencer plus tard, une fois l’orage passé. »

(…)

Les enfants l’ignorent alors, mais ces jeux et les diverses péripéties qui émaillent leurs séjours sont autant de sources d’inspiration pour l’artiste. Elle n’en souffle pas mot, mais observe, prend des notes et esquisse des croquis. Le tout va (re)sortir bien des années plus tard, dans certains albums d’Ernest et Célestine. »

Le livre est disponible auprès de la Fondation Monique Martin sur simple demande et moyennant le versement de 22€ (19€ + 3€ de frais de port) sur le compte de la SPRL Droits d’auteur Gabrielle Vincent: BE79 0016 8506 7933, avec la communication « livre Francis Groff ».

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