Les Artychauts : une galerie d’art pour les enfants de tous les âges

artychauts_vitrineFanny Husson-Ollagnier et Barbara Tonelli viennent de l’édition et du cinéma. En 2014, elles se sont associées, avec l’objectif de faire entrer l’art dans les chambres d’enfants. Leur volonté: créer une alternative aux images qui étaient sur le commerce et imposées par les gros distributeurs. Montrer l’importance que l’éducation à l’image a, dès le plus petit âge.

En collaboration avec la Fondation Monique Martin, Fanny et Barbara ont développé une collection de reproductions de planches originales Ernest et Célestine, en vente dans leur galerie et sur leur site.

Entretien.

Quel genre d’illustrations proposez vous dans votre galerie?

BT: Nous sommes allées dénicher une trentaine d’artistes qui viennent du monde entier pour proposer une offre très vaste et différenciée. Pour nous, l’image est un vecteur de culture et d’histoire (de l’illustrateur et du pays d’où il vient) ; elle peut influencer et développer positivement le goût et la sensibilité artistique. Je suis profondément convaincue que pour cela il faut cultiver ce goût et le soigner dès le plus jeune âge.

FH : Les Artychauts, c’est de multiples ponts entre les enfants et l’image au sens large, et des moments partagés entre enfants et adultes dans des univers imaginaires et stimulants.

Que vous inspire Gabrielle Vincent ?

BT : De la douceur et mon enfance. Plus personnellement, elle me rappelle beaucoup ma mère, malheureusement décédée trop prématurément, et qui était elle aussi illustratrice et utilisait surtout l’aquarelle dans ses illustrations.

FH : Du rêve en musique.

Pourquoi avoir choisi Ernest et Célestine pour votre collection ?

BT : Nous avons choisi Ernest et Célestine car non seulement il s’agit d’un grand classique de l’illustration pour l’enfance mais aussi pour les valeurs que Monique Martin/Gabrielle Vincent transmet dans ses histoires.

FH :…. Et aussi pour faire rêver nos enfants avec nous.

Pensez-vous que Gabrielle Vincent soit toujours actuelle ?

BT : Il s’agit d’une œuvre transgénérationnelle qui touche autant les enfants que les parents et les grands-parents. Comme je disais, elle transmet des valeurs universelles qui sont et seront toujours d’actualité !

FH : C’est un classique, donc par définition elle sera toujours actuelle.

Comment s’inscrit-elle dans votre collection ?

BT : Comme une petite perle à soigner précieusement !

Nous avons eu beaucoup de chance de rencontrer Emeline Attout, l’administratrice de la Fondation Monique Martin/Gabrielle Vincent qui a pris le temps d’évaluer notre projet et qui ensuite nous a fait confiance. Nous avons ainsi pu soigner, en collaboration avec elle, les éditions limitées des œuvres de Monique Martin/Gabrielle Vincent, tout en respectant la volonté qui était propre à l’artiste. C’ est la raison pour laquelle un travail méticuleux est effectué à chaque tirage pour essayer d’être toujours le plus proche des originaux.

FH : Comme une grande illustratrice à valoriser sans cesse, et comme une œuvre aux mille facettes qui ne pourra pas nous lasser car il y reste toujours de nouvelles choses à découvrir.

Quel est votre album préféré de Gabrielle Vincent ?

BT : c’est dur à dire comme ça… J’aime beaucoup « La naissance » que je trouve fabuleux, j’adore le travail en sépia de Gabrielle, et «Au jour le jour » qui va être republié en mai par les éditions Casterman.

Si on parle par contre de tous les album de Gabrielle Vincent, alors je me dois de citer « L’œuf » qui n’est pas tout à fait pour les petits mais que je trouve fascinant en tant qu’adulte!

A votre avis, quelle relation un enfant entretient-il avec un dessin/une œuvre d’art ?

BT : La relation peut être très différente. Les enfants ont, le plus souvent, une relation avec l’image qui est liée soit aux images dans les livres : l’illustration d’une histoire qui leur est racontée avec un début, un récit et une fin donc assez définie; soit à l’image vidéo, dont ils subissent aussi dans un certain sens un récit préétabli.

Par contre une image isolée, sur le mur, dans un cadre, dans les mains d’un enfant, ou  en face de son lit, peut ouvrir à bien d’autre histoires ou réactions. L’enfant peut créer son histoire, peut la changer, peut vous demander de lui raconter car il est intrigué par ces images.  Les parents eux même peuvent l’utiliser comme le départ d’un récit qui n’appartiendra qu’à l’enfant et au parent.

C’est ce que vous faisiez, petite?

J’aime beaucoup raconter cette anecdote personnelle à ce propos: après la mort de ma mère, j’ai retrouvé une illustration qu’elle avait archivée mais que je me rappelais d’avoir vue toute petite dans ma chambre. Elle représentait un canard qui tenait la main d’un petit enfant (tourné de dos) et qui s’aventurait dans un chemin d’hiver, pas trop rassurant avec beaucoup de corbeaux. Pendant des années, j’ai regretté de n’avoir jamais pu demander à ma mère quelle histoire elle avait inventée, liée à ce dessin. Un jour, presque comme un jeu, j’ai commencé à demander à tous les amis qui passaient du temps à la maison de me raconter quelle était à leur avis l’histoire de ce canard et cet enfant.

C’est devenu un jeu mais, en même temps, c’était fascinant de voir ce que les adultes ou les enfants étaient capables d’inventer à partir d’une simple image. C’est là que j’ai réalisé le pouvoir des illustrations sur notre imaginaire.

FH : Un enfant et un dessin… C’est pour lui la plus belle maison pour ses amis imaginaires ; c’est aussi un lieu d’émotions, de questions, d’ouverture aux sentiments (joie, peur, interrogations).

Et vous quel est votre rapport à l’illustration jeunesse ?

BT : Comme vous l’aurez compris… c’est une grande passion. Sans illustrations, je trouve que la vie est bien plus triste !

FH : Un enthousiasme qui n’a pas diminué en devenant adulte.

Un message pour nos lecteurs ?

BT : J’aimerais vraiment que les gens ne sous-estiment pas l’importance et la puissance de l’image et, plus précisément, de l’illustration. Il s’agit d’une vraie œuvre d’art, même si souvent elle n’est pas considérée comme telle. C’est vraiment important de montrer une bonne variété d’images aux enfants (dans des expositions, dans des livres, en dessinant avec eux, en décorant avec eux la chambre, en leur faisant rencontrer des artistes…). Naturellement, les enfants choisiront après ce qu’ils aiment ou pas, selon un goût très différent souvent de celui des parents, mais c’est très bien! Ça veut dire qu’ils ont développé un goût personnel : les entraîner à la « différence », c’est en réalité une richesse qu’ils acquerront et qui leur permettra justement d’avoir après une vraie liberté et une assurance dans leurs choix.

Découvrez les nouvelles reproductions Ernest et Célestine disponibles chez les Artychauts
La galerie complète

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *